Au croisement du film historique et de l’histoire du cinéma, CINÉ-HISTOIRE propose un cycle thématique de 5 films autour d’un.e cinéaste, d’une époque ou d’une question communes. La projection de l’œuvre est précédée d’une brève présentation du film, lequel sera suivi d’une discussion animée par un.e historien.ne.
Lorsqu’il dépasse le simple « film en costumes », le cinéma historique constitue un exercice particulièrement exigeant d’écriture du passé. Comme pour l’historien et l’historienne les plus rigoureux, scénaristes et cinéastes interrogent l’histoire en reconstituant la trajectoire de personnages complexes, généralement aux prises avec des dilemmes moraux. Les plus grands films historiques réussissent à reconstituer l’étrangeté du temps passé tout en le liant avec des enjeux et des questions atemporels.
> Sous l'oeil de Bertrand Tavernier
7 février 2023 – 25 mai 2023
Bertrand Tavernier (1941-2021) fut un immense homme de cinéma. Bouillonnant cinéphile et grand érudit du cinéma international, il réalisa plus d’une trentaine de films en quarante ans de carrière. Dans cette importante filmographie faite d’œuvres de fiction et de documentaires, l’Histoire occupa une place de premier plan.
En effet, Tavernier ne cacha jamais sa passion pour l’Histoire, qu’il ne cessa de nourrir par d’innombrables lectures de romans historiques, de mémoires et de journaux d’époque. Intellectuel engagé et critique, ce ne fut pourtant pas la biographie des grands hommes qui l’intéressait : Tavernier ne filma ni les rois ni les foules, mais plutôt les personnages des interstices, les seconds couteaux, les hommes de petit pouvoir traversés par le doute et la fragilité, et portés par une moralité à géométrie variable. Or, c’est justement par cette attention aux personnages secondaires de l’Histoire que son regard d’historien fut tout à fait unique. « Homme-caméra », il occupait le passé et marchait avec lui. Renonçant au cinéma historique traditionnel, où les acteurs à costume se déplaçaient dans des décors de musée, Tavernier désacralisa le temps en l’animant d’une vitesse qui dépoussiéra le genre.
Si Tavernier ne fut pas un réalisateur virtuose comme Stanley Kubrick, il sut pourtant s’entourer d’une équipe de complices fidèles et efficaces : décorateurs et monteurs, caméraman et compositeurs, acteurs bien sûr, mais aussi scénaristes et dialoguistes, l’accompagnèrent pendant une large partie de sa carrière. Ce quatrième cycle du Ciné-histoire permettra justement de suivre Bertrand Tavernier avec ses collaborateurs les plus réguliers : en un formidable tour-de-force, le réalisateur enveloppait ainsi d’une discrète familiarité, des drames et des passés d’une radicale diversité.